Puis j’ai saisi l’objectif de ce livre. Et donc également pourquoi j’ai été sollicité pour cette préface. Ce n’est pas uniquement parce que j’ai créé Rue du Commerce : c’est aussi parce que j’ai simultanément gardé un pied dans le monde universitaire. A côté de Rue du Commerce, je suis en effet chargé de cours au Celsa et à Sciences Po, ce qui m’amène parfois à donner quelques coups de mains à des étudiants sur leur mémoire.
Et au-delà des principes méthodologiques d’efficacité particulièrement originaux et nouveaux que ce livre contient, je dois dire que ce qui m’a paru le plus intéressant dans cet ouvrage est la façon dont il propose de réinventer la relation entre l’étudiant et l’entreprise, en utilisant notamment le mémoire comme outil de contact. Avant la fin de leurs études, les étudiants, pour la plupart, ignorent en effet l’intérêt réel de se constituer un «réseau», car durant leur cursus ils sont relativement peu exposés aux réalités du monde du travail qui les attend une fois diplômés.
Cette réalité, je crois, a été quelque peu déformée au cours des années 80 par l’irruption d’une certaine image, plutôt anxiogène, de l’entreprise vue par les salariés comme une sorte de «rouleau compresseur». Or, ces salariés des années 1980 sont devenus les parents des étudiants d’aujourd’hui. Ces derniers ont été éduqués avec l’idée que l’entreprise est un prédateur dont il faut se méfier, et si certains abus justifient évidemment ce type d’a priori, le généraliser à toutes les entreprises me parait tout aussi caricatural. En outre, ces dernières années, les recours répétés aux contrats de travail précaires (stages, CDD, intérim) ont participé à renforcer cette défiance des jeunes vis-à-vis de l’entreprise. En tant que chef d’entreprise, je ressens cette défiance au quotidien : on a l’impression que les jeunes diplômés que l’on recrute restent détachés et distants de l’entreprise. Cette défiance me semble contre-productive pour les deux parties : l’étudiant se méfie car il se demande à quelle sauce il va être mangé, et l’entreprise hésite à accorder sa confiance à un jeune potentiellement prêt à quitter le navire à la première occasion. Rompre ce cercle vicieux en aidant à rétablir une forme de compréhension constructive et mutuelle est indispensable pour notre économie de demain, j’en suis persuadé.
Ce livre ouvre une perspective dans ce sens, puisqu’il livre aux étudiants toutes les clefs pour faire de leur mémoire un véritable outil de «networking» et de préparation à la vie active, à même de les rendre plus au fait des réalités et des besoins des entreprises qui voudraient les embaucher. Comme vous le lirez dans ces pages, utiliser le «prétexte» de son mémoire pour rencontrer un recruteur potentiel hors du cadre habituel de l’entretien d’embauche peut être très efficace. De même, choisir le bon sujet pourra vous permettre de préempter une thématique pour laquelle votre nouvelle «expertise» aura, aux yeux de l’entreprise concernée, une valeur certaine. Je n’ai pas le souvenir d’avoir lu ou entendu ailleurs ce type de propos ; eu égard au fait qu’il semble que cela fonctionne – la preuve, j’écris la préface du présent livre ! -, je suis convaincu que cette approche, pragmatique et intelligente, saura réconcilier l’étudiant et l’entreprise pour qu’enfin, ils se comprennent mieux et apprennent à travailler ensemble. Enfin, même si je n’ai pas personnellement tout essayé des techniques et outils d’efficacité que cet ouvrage vous propose (il semble qu’hélas, je n’ai plus besoin d’écrire un mémoire!), j’en utilise en revanche déjà quelques-uns au quotidien, et je devine donc leur potentiel d’efficacité pour les étudiants. La façon dont ils vous sont présentés dans ce livre afin d’augmenter votre productivité me parait très pertinente – on y sent notamment l’influence d’un Tim Ferris. Nicolas Beretti vous propose sa méthode originale pour utiliser ces outils dans la rédaction de votre mémoire : son livre pourrait bien changer votre façon de travailler.
Gauthier Picquart
Fondateur de RueDuCommerce.com, enseignant à Sciences Po et au Celsa.