La semaine dernière, j’ai eu le plaisir d’être invité à Numa au pitch de plusieurs startups françaises dynamiques, rentables et à forte ambition, dans le cadre du concours TheNextWeb European Tech5. Ce concours, sponsorisé par Adyen, une entreprise « qui aurait aimé rester une startup mais qui ne l’est plus avec 70 millions d’euros de chiffre d’affaires » – selon les mots de son Directeur France – vise à détecter et sélectionner les startups les plus prometteuses de France. Sur les 5 startups qui ont pitché devant nous ce soir-là, j’ai bien entendu oublié le nom de 2 d’entre elles, mais il y avait, a minima: Leetchi (la cagnotte en ligne), Lima (le cloud à la maison) et KelBillet (comparateur de billets).
Les conditions de sélection sont assez simples, et pourtant déjà elles ont du entraîner un sacré tri:
– avoir généré plus de 500 000 euros de revenus en 2013
– avoir été créée en 2009 ou plus tard
– être implantée en Europe
– proposer son propre produit ou service (scalable business model), donc pas d’agences ou de consultants.
Ce dernier point est très important, car c’est celui qui distingue sommairement les business fondés sur la vente d’heures de travail (jour/hommes) de ceux fondés sur la vente d’un produit, procédé ou service potentiellement déconnecté du temps de travail.
Qu’est-ce qu’un business model « scalable »?
Un yaourt, un avion de chasse ou une lampe sont des produits scalables. Une fois conçus, leur production à la chaîne permet de générer des revenus qui ne seront pas proportionnels au temps de travail nécessaire pour les produire. A ce titre, un livre aussi est un produit « scalable »: une fois écrit et mis en vente, le niveau de revenu qu’il va générer ne sera pas nécessairement proportionnel aux heures de travail qu’il a nécessité pour être écrit, à la hausse ou à la baisse. C’est pour ça que les best-sellers – et la vie des auteurs qui vont avec – fait tant fantasmer: on imagine qu’ils ont du transpirer pour les écrire, puis, ensuite, se sont assis et ont encaissé les droits d’auteurs. N’ayant pas conçu ni vendu de yaourt ou d’avions de chasse, prenons l’exemple du livre pour illustrer, de mon premier livre pour être exact.
Exemple avec mon 1er livre:
Il m’a fallu 12 jours pour l’écrire + 10 jours (au jugé) de corrections et d’allers-retours avec l’éditeur. Admettons que je décide que mon travail vaille 500€ par jour (ce qui est en l’espèce assez inexact, vu que je l’ai écrit pendant mes vacances):
(12+10)x500= 11 000€.
Autrement dit, écrire ce livre m’aurait « coûté », dans cette optique, 11 000 euros (parler de « manque à gagner », en l’espèce, serait plus approprié). Etant donné qu’on peut compter que chaque livre vendu me rapporte 1,5 € (oui, c’est tout, déprimant, hein?), ce ne sera qu’après avoir vendu plus de 7 300 exemplaires que ce sera devenu un « produit » rentable. Heureusement, la plupart des auteurs (sauf, peut-être, ceux qui recyclent des histoires de vampires pour ados) n’écrivent pas un livre pour l’argent, mais plutôt pour la gloire, à la grande satisfaction des éditeurs.
Mais revenons à nos startups sélectionnées pour Tech5. Leur pitch, suivi d’une séance de questions/réponses, fut l’occasion d’échanger avec les fondateurs en toute tranquillité, un verre à la main. Votre dévoué reporter en a profité pour leur demander ce qui, à leurs yeux et après quelques années d’expérience, constituait LE facteur clef de succès de leur entreprise. Ce serait bête d’avoir tant de connaissances entrepreneuriales concentrées dans la même pièce sans en profiter, ‘spas ?
Les facteurs clefs de succès des startups qui cartonnent
Si, donc, je ne me rappelle que du nom de 3 startups sur 5 (Leetchi, Lima et KelBillet), j’ai en revanche noté leurs réponses, que je vous résume ici, des fois que cela vous serve dans vos propres entreprises ou startups:
- Ne pas lever de fonds tout de suite, et s’assurer que chaque euros dépensé en rapportera deux. Les levées de fonds prennent énormément de temps, et vous devez soudainement rendre des comptes.
- Cherchez à toujours, toujours faire mieux, en se posant la question: « dans 4 ans, serai-je fier de ce que je suis en train de faire là maintenant? », et soudez autour de vous une équipe fortement attachée à cet objectif.
- Restez concentré sur les retours utilisateurs, leurs usages et leurs objectifs ; à l’inverse, ne cédez pas à la tentation de vous disperser sur d’autres idées consommatrices de cash, de temps et d’énergie, ressources trop précieuses quand on débute.
- Ne rien lâcher, jamais, que ce soit sur le design, le commercial, le prix, l’embauche…la tentation du « moyen » est trop facile et finira par coûter cher tandis que la recherche de la qualité maximale finit toujours par payer.
Avant de vous laisser avec ces bons conseils, je précise que les ptits gars derrière Lima avaient initialement lancé une campagne de crowfunding sur Kickstarter pour lever 70 000$ et qu’ils ont levé en fait…1 300 000$. Je dis chapeau et leur souhaite bon vent – ils ont l’air super bien partis.
Et vous, si vous deviez voter pour l’une de ces 3 startups, laquelle choisiriez-vous ?