Je vous en parlais dans mon article précédent, ça y est, les petits gars de TED aux US ont finalement publié nos vidéos !
J’ai le trac l’honneur de vous présenter la version vidéo de l’article, filmé en direct fin septembre chez Google Paris:
N’hésitez pas à me donner vos impressions dans les commentaires ou sur YouTube directement – merci !! J’espère que vous connecterez avec votre Mini You à la fin de la vidéo 🙂
Ce matin, au cours d’une conférence à l’ESP, on a eu avec les étudiants une discussion sur les progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle. Je leur faisais part de mon pessimisme quant à cette improbable « sortie de crise » (économique) dont plus personne ne parle, et qu’il leur fallait se préparer, notamment, à être freelance, de manière contrainte ou volontaire mais inéluctable.
Or les progrès en intelligence artificielle sont à mon sens une menace directe et sous-estimée pour l’emploi. Dans son livre, Gilles Babinet explique par exemple que d’ici 5 ans, les robots ménagers seront capables de nettoyer intégralement une chambre d’hôtel, en faisant le distinguo entre le bout de papier qu’il convient de jeter et le bout de papier sur lequel le client a griffonné un numéro de téléphone et qu’il souhaite retrouver là en revenant dans sa chambre. Si, d’un point de vue technologique, c’est impressionnant, du point de vue de tous les employés de ménage du monde, c’est inquiétant. Car dès lors, la suite est inévitable: un robot coûte bien moins cher et travaille bien plus qu’un humain. Exit les personnels de ménage…et donc d’entretien, partout dans le monde. Le chômage de masse à venir va être terrible le temps que la transition vers la « fin du travail » soit achevée…
Tant qu’à faire, autant également supprimer les postes de vendeurs en magasin: un robot fait ça bien mieux et pour moins cher ! C’est tout le projet deFellow Robots.Nestlé, pour sa part, adéjà acheté (« embauché »?) 1 000 robots Pepper (ci-dessous) pour ses magasins de café au Japon. Depuis juin 2014, ces mêmes robots, capables de vous conseiller et qui communiquent entre eux pour se transmettre ce qu’ils ont appris, sont « employés » à l’accueil des agences japonaises SoftBank.
De son côté, Microsoft va un poil plus loin en protégeant son campus de la Silicon Valley avec des robots autonomes. Des robots surveillants. Vous allez me dire, rien à craindre, ces robots sont bien trop stupides pour être une menace pour nous, ils ne « comprennent pas » leur environnement et font ce qu’on leur demande de faire. Vous allez me dire peut-être que s’ils sont équipés d’une analyse des comportements, de la reconnaissance des visages, de détecteurs chimiques et biologiques, d’une vision nocturne et d’une caméra thermique, c’est pour la chasse au papillon ?
Parlons alors de cetteétonnante innovationannoncée par Google la semaine dernière: un algorithme capable de « lire » une photo et de l’interpréter presque comme un humain le ferait. Autrement dit, dans un futur pas lointain du tout, les robots seront capables de « comprendre » le contexte dans lequel ils évoluent en « lisant » et interprétant leur environnement. A la différence que si nous autres humains mettons un temps incroyable à traiter une information (forcément, avec un signal nerveux se « trainant » à 2m/s), un robot peut être 1 000 fois plus rapide. Il comprendra donc bientôt son environnement comme nous, mais en beaucoup plus rapide. Dès lors, il deviendrait « meilleur » en prise de décision pour les situations d’urgence par exemple (et pour commencer – ensuite viendront les applications militaires).
Saupoudrons tout ceci:
– d’un peu de progrès en intelligence artificielle visant à reproduire un cerveau humain, notamment ceux concernant les« puces neuromorphiques » – mimant la façon dont nos neurones fonctionnent et apprennent ;
– d’un brin d’ordinateur quantique, qui promet des performances proprement ahurissantes en exploitant les lois de la mécanique quantique tout en offrant une plus extrême miniaturisation ;
– du fait que nous opérons des drones militaires dans le monde entier qui, chaque jour, au nom de la lutte contre le terrorisme, tuent des humains – pour le moment, a priori il y a un pilote aux commandes à 8 000 km de leur zone d’opération ;
… et vous obtenez à mon sens un parfait cocktail de signaux de moins en moins faibles quant à l’imminence de l’arrivée de robots armés capables de décider seuls d’éradiquer telle ou telle « menace terroriste » – de tuer un homme (la « menace terroriste » étant un prétexte on ne peut plus pratique pour faire passer n’importe quelle loi de nos jours – nous sommesmassivement surveillés).
Parano ? Un peu, sans doute. Je dis juste: ne nous aveuglons pas non plus. La logique capitaliste commande et encourage depuis 40 ans le recours massif aux robots dès que possible. Les mêmes entreprises qui développent des technologies civiles de pointe (« gentilles ») travaillent également pour les armées (Boeing, Dassault ou Airbus, par exemple) où elles développent les armes les plus sophistiquées du monde. Je doute qu’il y ait un silo si profond que ça entre les deux activités.