Des conférences qui plantent des arbres : Speaker4Earth

Si si ! un article tout chaud tout neuf ! Depuis le temps…
Au moins, la promesse de ce blog est tenue (un article de haute volée intellectuelle tous les 36 du mois). Ca fait un sacré bail en effet que je n’ai pas eu le temps de me poser pour écrire. Ce petit trajet en TGV pour la riante ville de Roubaix, noyée sous un déprimant brouillard d’automne, tombe à pic et me fournit enfin l’occasion de vous retrouver, et ça fait bien plaisir.
 
En janvier dernier, rappelez-vous, on avait parlé ici même de 7 actions indolores que vous pouvez facilement entreprendre pour protéger la planète (indolores parce qu’elles ne vous coûteront à peu près aucun effort), et vous avez été nombreux à le partager, ce qui m’a fait très plaisir car la protection de l’environnement me tient particulièrement à coeur depuis que je suis gamin (que je suis Mini Moi – voir ici à propos de cet être qui vit avec vous). Cette phrase était particulièrement longue, j’essaierai de faire encore plus long dans le prochain article.
 
Comme vous le savez peut-être, dans le cadre de mes activités chez BrainsWatt, il m’arrive très souvent de donner des conférences. J’adore faire ça, c’est excitant et intellectuellement stimulant, mais depuis quelques temps je commençais à sentir qu’il fallait que j’ajoute à ces prises de parole une dimension environnementale. On a pas toujours l’occasion de pouvoir parler à 400 personnes simultanément, mais j’ai la chance d’avoir un job qui justement me le permet souvent, et je cherchais donc à me rendre un tout petit peu utile face à un monde qui n’a pas la forme. 

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Economisez 30 000 euros de consulting avec ce graphique

A l’occasion d’une conférence que je menais dans une entreprise, et où l’on parlait notamment d’innovation, ma cliente me demande de lui envoyer quelques liens intéressants sur le sujet. Il me revient alors en mémoire un TEDx de Guy Kawasaki, bonhomme dont j’ai déjà parlé mille fois ici, et en le re-regardant, je me suis dit qu’il fallait que je partage avec vous le passage qui me semble vraiment intéressant sur l’épineuse question du positionnement d’une idée, afin de pouvoir répondre une fois pour toute à cette fameuse question: « mon idée X ou Y est-elle finalement fumeuse ou réellement prometteuse ? » 

Comment positionner simplement votre innovation ?

Avoir des idées, c’est facile. Tout le monde en a, mais seuls certains d’entre vous les mènent même avec brio au stade de la réalisation (je pense à mon amie Raphaëlle et son pot de fleurs connecté MEG). Innover suppose prendre un risque, celui de se planter, de ne pas réussir à donner vie à son idée, ou celui de voir les clients ne pas l’acheter. Or, rien n’est plus difficile que de rester objectif quant à ses propres idées: par définition, si on les a eues, c’est pour une raison, et cette raison (plus ou moins obscure) nous pousse à croire qu’on a raison. C’est confondre enthousiasme et nécessité !

On peut être passionné par la collection de petites cuillères en bois, ça n’en fera pas moins un sujet de business difficilement réalisable. De même, devant une interminable ToDo list, on a bien souvent tendance à commencer par ce qui nous coûte le moins d’efforts, fainéants que nous sommes, alors même que peut-être, la vraie priorité est ailleurs. 

Or donc Guy Kawasaki dans ce TEDx Berkeley nous donne une grille d’analyse simple à mettre en oeuvre pour positionner vous-même votre idée – et économiser, comme il le précise malicieusement, un paquet de dollars en factures MacKinsey.

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Prospective expresse: demain, quand les robots seront une menace pour l’homme

Ce matin, au cours d’une conférence à l’ESP, on a eu avec les étudiants une discussion sur les progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle. Je leur faisais part de mon pessimisme quant à cette improbable « sortie de crise » (économique) dont plus personne ne parle, et qu’il leur fallait se préparer, notamment, à être freelance, de manière contrainte ou volontaire mais inéluctable.

Or les progrès en intelligence artificielle sont à mon sens une menace directe et sous-estimée pour l’emploi. Dans son livre, Gilles Babinet explique par exemple que d’ici 5 ans, les robots ménagers seront capables de nettoyer intégralement une chambre d’hôtel, en faisant le distinguo entre le bout de papier qu’il convient de jeter et le bout de papier sur lequel le client a griffonné un numéro de téléphone et qu’il souhaite retrouver là en revenant dans sa chambre. Si, d’un point de vue technologique, c’est impressionnant, du point de vue de tous les employés de ménage du monde, c’est inquiétant. Car dès lors, la suite est inévitable: un robot coûte bien moins cher et travaille bien plus qu’un humain. Exit les personnels de ménage…et donc d’entretien, partout dans le monde. Le chômage de masse à venir va être terrible le temps que la transition vers la « fin du travail » soit achevée…

Tant qu’à faire, autant également supprimer les postes de vendeurs en magasin: un robot fait ça bien mieux et pour moins cher ! C’est tout le projet de Fellow Robots. Nestlé, pour sa part, a déjà acheté (« embauché »?) 1 000 robots Pepper (ci-dessous) pour ses magasins de café au Japon. Depuis juin 2014, ces mêmes robots, capables de vous conseiller et qui communiquent entre eux pour se transmettre ce qu’ils ont appris, sont « employés » à l’accueil des agences japonaises SoftBank.

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Les robots Pepper au Japon – ©Le Figaro

De son côté, Microsoft va un poil plus loin en protégeant son campus de la Silicon Valley avec des robots autonomes. Des robots surveillants. Vous allez me dire, rien à craindre, ces robots sont bien trop stupides pour être une menace pour nous, ils ne « comprennent pas » leur environnement et font ce qu’on leur demande de faire. Vous allez me dire peut-être que s’ils sont équipés d’une analyse des comportements, de la reconnaissance des visages, de détecteurs chimiques et biologiques, d’une vision nocturne et d’une caméra thermique, c’est pour la chasse au papillon ?

Parlons alors de cette étonnante innovation annoncée par Google la semaine dernière: un algorithme capable de « lire » une photo et de l’interpréter presque comme un humain le ferait. Autrement dit, dans un futur pas lointain du tout, les robots seront capables de « comprendre » le contexte dans lequel ils évoluent en « lisant » et interprétant leur environnement. A la différence que si nous autres humains mettons un temps incroyable à traiter une information (forcément, avec un signal nerveux se « trainant » à 2m/s), un robot peut être 1 000 fois plus rapide. Il comprendra donc bientôt son environnement comme nous, mais en beaucoup plus rapide. Dès lors, il deviendrait « meilleur » en prise de décision pour les situations d’urgence par exemple (et pour commencer – ensuite viendront les applications militaires).

Saupoudrons tout ceci:

– d’un peu de progrès en intelligence artificielle visant à reproduire un cerveau humain, notamment ceux concernant les « puces neuromorphiques » mimant la façon dont nos neurones fonctionnent et apprennent ;

– d’un brin d’ordinateur quantique, qui promet des performances proprement ahurissantes en exploitant les lois de la mécanique quantique tout en offrant une plus extrême miniaturisation ;

– du fait que nous opérons des drones militaires dans le monde entier qui, chaque jour, au nom de la lutte contre le terrorisme, tuent des humains – pour le moment, a priori il y a un pilote aux commandes à 8 000 km de leur zone d’opération ;

– du point de vue d’Elon Musk, quelqu’un qui a oublié d’être bête, sur les dangers inévitables des progrès de l’intelligence artificielle ;

… et vous obtenez à mon sens un parfait cocktail de signaux de moins en moins faibles quant à l’imminence de l’arrivée de robots armés capables de décider seuls d’éradiquer telle ou telle « menace terroriste » – de tuer un homme (la « menace terroriste » étant un prétexte on ne peut plus pratique pour faire passer n’importe quelle loi de nos jours – nous sommes massivement surveillés).

Parano ? Un peu, sans doute. Je dis juste: ne nous aveuglons pas non plus. La logique capitaliste commande et encourage depuis 40 ans le recours massif aux robots dès que possible. Les mêmes entreprises qui développent des technologies civiles de pointe (« gentilles ») travaillent également pour les armées (Boeing, Dassault ou Airbus, par exemple) où elles développent les armes les plus sophistiquées du monde. Je doute qu’il y ait un silo si profond que ça entre les deux activités.

Coucou !
Coucou !

L’économie positive, en quoi ça vous concerne ? (Indice: ça parle aussi de dauphins et de café)

 

Valls LH
Qui a dit qu’il y avait un paradoxe sur cette photo ??

 Vous connaissiez le concept d’économie positive ?

Non?

Moi non plus, jusqu’à ce que le LH Forum m’invite au Havre à participer aux conférences, débats et tables rondes dans lesquelles on retrouvait du Manuel Valls, du Hubert Reeves, du Jacques Attali, du Alain Juppé, du Jean-Claude Trichet, du Gilles Babinet…

En fait, je ne connaissais pas le concept d’économie positive mais je crois que j’en faisais un peu sans le savoir avec StayHome et Transporteurs d’Image. L’idée de l’économie positive c’est en gros que l’argent devienne un moteur d’amélioration du monde (environnement, humain…), plutôt qu’un agent destructeur, ce qu’il est la plupart du temps.

Mais donc, en quoi ça vous concerne ? Eh bien parce que n’importe lequel d’entre nous peut devenir un acteur de cette économie salvatrice, que ce soit par exemple en investissant son épargne judicieusement ou en créant une entreprise qui vienne répondre à un problème identifié.

Sur le premier exemple, la patronne de Novethic est ainsi venue nous expliquer l’essor des fonds ISR et surtout en quoi on peut demander à son banquier d’orienter son épargne sur des fonds qui soutiennent les énergies renouvelables plutôt que les énergies fossiles. Parmi les 500 ou plus personnes de la salle ce matin, lorsque la question a été posée à la salle de savoir qui pouvait dire en quoi son « Livret de Développement Durable » à la banque était durable, UNE seule personne a répondu. Vous par exemple cher lecteur, savez-vous ce que votre Livret DD a de durable ? Je l’ignorais aussi, mais je ne manquerai pas d’interroger mon banquier la prochaine fois que je le vois…Vous aussi pouvez non seulement poser la question à votre banquier, mais lui demander que votre épargne viennent tant qu’à faire irriguer des pans de la green économie qui en a vertement besoin (haha). Cette économie là est comme l’autre: pour financer ses besoins en machine, équipement, hommes, R&D, elle a besoin de capitaux. En dirigeant votre épargne vers elle, vous lui fournissez le carburant de sa croissance, sans que ça ne vous coûte rien (au contraire) et sans vous fatiguer le moins du monde. Pas mal, déjà, non ?

Sur le deuxième exemple, c’est un entrepreneur hors pair que je découvre ce matin qui est venu nous mettre une bonne paire de claque à tous: Gunter Pauli.

Gunter Pauli
Meet Gunter Pauli

Je vous préviens tout de suite, c’est le genre de gars brillant qui fout des complexes tant il a fait et continue de faire des choses incroyables.
Ce belge et auteur du concept d’Economie Bleue nous a expliqué comment, très concrètement, il avait initié dans le monde 190 projets d’entreprises visant toutes à réduire l’emprunte écologique humaine. Et ça marche: il a mobilisé à travers ses activités près de 2 milliards d’euros et créé 4 millions d’emplois à travers le monde. Tout en taclant les titulaires de MBA et autres consultants McKinsey – ce qui me plait toujours généralement, il nous a fait la démonstration qu’on peut tout à fait ne PAS se concentrer sur une seule activité ET réussir (cf mon article sur les experts généralistes).

A titre d’exemple, il a fondé des entreprises de pêche qui utilisent, comme les dauphins, des bulles d’air pour attraper les poissons, ce qui a pour immense avantage 1/de ne pas détruire les fonds et 2/de ne pas attraper de poissons femelles enceintes (je ne sais pas quel est le terme scientifiquement exact…). Car, je n’avais pas réalisé, mais la pêche intensive de millions de poissons femelles enceintes accélère dramatiquement vite la disparition de l’espèce. Or, on pêche déjà 2 fois plus de poissons qu’il ne s’en reproduit. Ou encore, il fabrique des vêtements à base de marc de café. Ou encore, il produit en très grande quantité (1 million de tonnes) du papier issu du déchet des mines – oui, du papier à base de pierre, vous avez bien lu. Pas d’arbre coupé, pas d’eau consommé (même si d’aucuns font remarquer que ce n’est pas non plus 100% écologique, bien que cent fois moins stupide que du papier à base d’arbres). Du papier à base de déchets de mine d’uranium ou d’or. Son truc à lui, c’est notamment de copier la nature, dans laquelle le concept de déchet n’existe tout simplement pas. Le déchet est, il faut le rappeler, une invention humaine – et pas la meilleure.

Or, quel a été son message essentiel: cessez de penser et agissez. Pendant que Greenpeace est toujours en train de se demander, nous racontait-il, si oui ou non son papier issu de pierre est vraiment écolo, la Chine lui en commande plusieurs millions de tonnes. Cessons parfois de penser, et agissons, quelle que soit l’échelle. Ce que nous répétait aussi Alain Juppé d’ailleurs.

Juppé
Là on dirait pas mais il a été plutôt drôle

Point de startups numériques ce matin donc pour changer, rien que du bien concret, du solide, du tangible, bien loin de l’univers hi tech si trendy dont on a l’habitude. Et je dois avouer que ça fait du bien. Surtout quelques jours après la Marche pour le Climat organisée notamment par Avaaz, et à laquelle j’ai également participé. Allez, la journée continue, ceci n’était qu’un aperçu de la matinée, je file maintenant écouter un des Directeurs de la Banque de France et enseignant à Aix Marseille.
Merci au LH Forum de pouvoir réunir autant de belles personnes qui agissent pour changer le monde. C’est inspirant, vraiment.