Economisez 30 000 euros de consulting avec ce graphique

A l’occasion d’une conférence que je menais dans une entreprise, et où l’on parlait notamment d’innovation, ma cliente me demande de lui envoyer quelques liens intéressants sur le sujet. Il me revient alors en mémoire un TEDx de Guy Kawasaki, bonhomme dont j’ai déjà parlé mille fois ici, et en le re-regardant, je me suis dit qu’il fallait que je partage avec vous le passage qui me semble vraiment intéressant sur l’épineuse question du positionnement d’une idée, afin de pouvoir répondre une fois pour toute à cette fameuse question: « mon idée X ou Y est-elle finalement fumeuse ou réellement prometteuse ? » 

Comment positionner simplement votre innovation ?

Avoir des idées, c’est facile. Tout le monde en a, mais seuls certains d’entre vous les mènent même avec brio au stade de la réalisation (je pense à mon amie Raphaëlle et son pot de fleurs connecté MEG). Innover suppose prendre un risque, celui de se planter, de ne pas réussir à donner vie à son idée, ou celui de voir les clients ne pas l’acheter. Or, rien n’est plus difficile que de rester objectif quant à ses propres idées: par définition, si on les a eues, c’est pour une raison, et cette raison (plus ou moins obscure) nous pousse à croire qu’on a raison. C’est confondre enthousiasme et nécessité !

On peut être passionné par la collection de petites cuillères en bois, ça n’en fera pas moins un sujet de business difficilement réalisable. De même, devant une interminable ToDo list, on a bien souvent tendance à commencer par ce qui nous coûte le moins d’efforts, fainéants que nous sommes, alors même que peut-être, la vraie priorité est ailleurs. 

Or donc Guy Kawasaki dans ce TEDx Berkeley nous donne une grille d’analyse simple à mettre en oeuvre pour positionner vous-même votre idée – et économiser, comme il le précise malicieusement, un paquet de dollars en factures MacKinsey.

Ce graphique, si vous vous posez honnêtement les bonnes questions qu’il soulève, pourra vous permettre d’éviter de vous lancer à corps perdu dans une idée qui vous enthousiasme, mais vous coûtera une fortune sans vous rapporter un centime faute de…clients. Je l’ai reproduit comme je pouvais en partant de celui de Guy Kawasaki (j’ai gardé des termes anglais car je ne savais pas comment traduire vraiment correctement « uniqueness » en français – si quelqu’un a une idée, je suis preneur):

Innovation Map
Innovation Map inspirée de Guy Kawasaki – ©NicolasBeretti2015

 Voici comment le lire:

> Red Ocean: si votre idée n’est pas unique, vous combattrez alors celle des autres sur le terrain du prix. Les clients auront le choix à l’achat, et vous affronterez vos concurrents dans un combat sanglant (d’où « l’océan rouge » – pour ceux qui sont familiers de la « Stratégie de l’Océan Bleu »). Mauvaise idée de s’y embarquer. Votre innovation peut être certes très utile pour le client, mais possède-elle vraiment quelque chose d’unique ? Fonctionnalité, design, option, ingrédients…?

> Cemetery: ici reposent plus ou moins en paix les innombrables idées n’ayant malheureusement rien d’unique, et, pire encore, ayant pas ou trop peu de valeur aux yeux des clients. Comme 9 produits de grande consommation sur 10 sont des échecs commerciaux (dans les rayons des supermarchés ne subsistent que les vaillants survivants, machines à cash pour les distributeurs), on peut dresser une liste infinie de ces produits et services n’ayant jamais trouvé leur public.

> Unique but no customer: vous tenez une idée incroyable, originale, personne d’autre au monde ne l’a jamais faite ? Eh bien commencez donc par être méfiant, alors ! En vertu de la loi (légendaire) selon laquelle lorsque vous avez une idée innovante, 7 personnes au moins dans le monde l’ont en même temps que vous, si personne n’a jamais réalisé quelque chose d’approchant votre idée, c’est que vous avez probablement une mauvaise idée, ou une idée simplement « hobbie ». Lorsqu’un produit ou service encore inexistant pourrait apporter de la valeur aux clients, et donc générer des piles de cash, dites-vous bien que des petits malins y ont bien souvent déjà pensé avant vous. Commencez donc par vous demander pourquoi diable personne n’a réalisé votre idée avant, au lieu de placer tous vos espoirs et vos économies dans le fait que personne ne l’ayant eue avant vous, cette idée vaut forcément de l’or… A titre personnel, je classerais presque ici ma première idée business réalisée (Transporteurs d’Image) une bonne idée, utile et efficace, mais qui peine un peu à prouver sa valeur aux yeux des clients (bien que nous ayons eu de beaux succès quand même, ne soyons pas mesquins).

> Great Insight: bingo, votre idée possède quelque chose d’unique que les autres n’ont pas, et elle rend service aux yeux des clients (c’est-à-dire, pour résumé, qu’elle leur permet de faire cesser une « douleur » ou une gêne OU qu’elle leur permet de générer de la satisfaction ou du plaisir) ? Considérez sérieusement alors de réaliser au plus vite un prototype. Parce que parmi les 7 autres personnes qui ont eu la même idée en même temps que vous, un ou deux vont peut-être passer à l’acte dès aujourd’hui. Dans ce cas, et dans ce cas seulement, retroussez vos manches et chantonnez l’air des entrepreneurs innovants:

Don't worry be crappy, inspiré de Guy Kawasak - ©NicolasBeretti2015

Pour conclure

Comme il le dit si bien lui-même: « Ship, then test« ! Ne ratez pas l’opportunité d’apporter au monde votre bonne idée, foncez. Si elle est unique et qu’elle a de la valeur, le succès vous attend, petits veinards ! Pour voir sa conférence, qui est en plus d’être intéressante très sympa à voir, c’est ici.

2 réflexions sur « Economisez 30 000 euros de consulting avec ce graphique »

  1. Article vraiment intéressant.

    Je rajouterai que si votre idée est unique, qu’elle a de la valeur et qu’elle cible un marché de niche, vous avez touché le jackpot! Ainsi, vous risquez moins de vous faire copier et donc de basculer dans le « Red Ocean ».

    En tout cas, je garderai en tête ce graphique.

  2. Article vraiment intéressant. La bonne idée ne fait effectivement pas tout.
    Je rajouterai que si votre idée est unique, qu’elle a de la valeur et qu’en plus elle se positionne sur un marché de niche vous avez touché le jackpot ! Vous risquez ainsi moins de vous faire copier et basculer dans la case « Red Ocean ».

    En tout cas, je garderai ce graphique en tête.

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