Les 30 Gerbeuses et la quête du Sens

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Bienvenue sur Terre camarade
Assis à la table d’un café, j’observe deux femmes (chinoises) juste à côté. Leur principale activité, depuis 30min, consiste à prendre des selfies. Bouche en coeur, tête penchée, selfie à deux, selfie avec le chien, selfie avec la cuillère, selfie avec la tasse à café…elles ne lâchent pas une seconde leur téléphone.

Même le chien a l’air blasé, pauvre bête. Du coup il aboie, ce qui fait momentanément lâcher son portable à sa maîtresse pour lui mettre une muselière (au chien, pas au portable), avant de se lancer dans une longue recherche du filtre Instagram parfait pour son selfie avec la porte des toilettes. Je n’aime pas dire du mal des gens, mais ces deux nanas sont complètement pathétiques. 

Et pourtant, avant…

Pourtant, il y a encore une poignée de dizaines d’années, il me semble que les humains avaient quelques rêves, quelques ambitions. Aller sur la Lune. Réfléchir à la vie. Mettre fin aux guerre. Repousser les limites de la connaissance. Tout le monde n’y participait pas directement évidemment, mais j’ai l’impression qu’au moins ces sujets intéressaient les foules.  

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COP23, BD et pingouin

Si vous ne connaissez pas la super newsletter TTSO (Time To Sign Off), filez d’abord vous abonner (et revenez ici ensuite – sinon j’ai l’air flan).

Chez TTSO, en plus d’être marrants, ils sont plutôt actifs sur les questions de l’environnement, donc ça me parle, vous pensez bien. Alors en lisant la newsletter d’hier, et étant toujours à la recherche d’un prétexte pour dessiner pendant le boulot, ça m’a donné l’envie de mettre en BD leur judicieux petit texte (que vous retrouverez ici).

J’avais peu de temps pour dessiner, donc vous pardonnerez l’écriture brouillonne et les ratures, ça a été fait rapidos…

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C’est le premier pingouin que je dessine. Jsais pas trop si c’est comme ça. On fait avec hein.

Pensée du matin

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Encore une perle trouvée dans Tools Of Titans. Celle-là m’a jailli au visage ce matin, donc je vous la partage. Ca m’a fait penser à l’impression d’être à poils lors du TEDx notamment…

Neil Gaiman est un auteur anglais qui vit aux USA. Il a écrit plein de choses dont certaines que vous connaissez. Et il a plein de cheveux.

Citation du dimanche

– 70 mots, lu en 1 minute

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Trouvée dans Tools of Titans, le dernier livre de Tim Ferriss, p. 161.

Christopher Sommer est un des coachs de l’équipe nationale de gymnastique américaine, et aussi le coach personnel de Tim Ferriss – quand on a les moyens, autant se payer les meilleurs profs.

J’ai acheté le bouquin, il est top. Chaque personne interviewée par Tim fait l’objet de 2 à 4 pages maximum, à lire comme un shot de café – pour l’esprit.

TEDx, petits dessins et votre avenir

UPDATE: la vidéo du talk est disponible !

Or donc, vous vous posez peut-être des questions sur votre vie.

Si vous avez une tendance exacerbée à vous en poser 100 fois par jour, on va bien s’entendre. Dans un article précédent, et un autre encore plus ancien, j’ai essayé de trouver des pistes de réponses et d’actions à la question suivante:

« Mais enfin, quoi faire de ma vie? »

Etant entendu que vous ne vous satisferez pas d’une vie pépère où globalement, votre existence aura eu au final le même impact pour l’univers qu’une pièce de 1 cents au fond de votre poche a pour votre journée (même si, en prenant un peu de recul, bien évidemment que nos existences, même les plus prestigieuses, ne changent en rien la course de l’univers qui s’en contrefout totalement et préfère créer des trous noirs et des ondes gravitationnelles).

Je m’adresse plus ici aux personnes un brin mégalomanes ambitieuses qui souhaitent avoir la sensation de vivre pour quelque chose. Un moine bouddhiste me dirait ici: « tu vis pour vivre, point final, arrête de te prendre la tête et respire en pleine conscience », mais j’ai beau essayer, je n’arrive pas à m’y résoudre.

Bref, tout ceci m’a amené à être invité pour parler au TEDx Celsa 2016, et j’ai eu envie, encore une fois, de parler de ce sujet existentiel qu’est la vie. Le thème de ce TEDx était l’optimisme, donc j’ai fait un effort pour ne pas retomber dans un travers nihiliste en rappelant à toutes fins utiles que tout ceci est bien vain, puisque de toutes façons:

  • la plupart du temps, les gens sont morts
  • nous étions déjà bien petits face à l’immensité cosmique, mais ça ne suffisait pas, il a fallu qu’ils nous trouvent 10 fois plus de galaxies que prévu

Donc je me suis fait violence et j’ai vraiment essayé de résumer en 12 16 minutes l’essentiel de ce que j’ai pu comprendre pour que les gens puissent en tirer quelque chose d’utile, du moins je l’espère. Par conséquent, ce talk est un peu un condensé d’autres articles enrichi de nouvelles pensées qui m’ont traversé la tête entre temps – peut-être certains lecteurs y retrouveront-ils donc des idées déjà croisées ici ou là, et à ceux-là je demande bien humblement de bien vouloir me pardonner s’ils trouvent des redondances.

Les vidéos des talks ayant été publiées, vous pourrez la voir ci-dessous. En revanche je sais que pour ma part, j’aime mieux parfois lire un texte qu’écouter un type parler, alors voici la version écrite de ce talk – j’ai modifié le contenu pour ôter tout ce qui passe mieux à l’oral qu’à l’écrit. J’espère que ça vous plaira !

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Titre un brin long qu’on peut résumer par celui qui suit:

L’Illusion de la Passion

Quand on m’a proposé de venir parler au TEDx, j’étais très content et je me disais qu’enfin, moi aussi j’allais pouvoir faire comme les autres speakers TED et parler avec passion d’un sujet passionnant. Je m’imaginais en train de transporter d’émotions le public, de le faire pleurer, et à la fin de crouler sous une standing ovation…Sur le papier, ça avait l’air parfait. Il y avait juste un petit détail auquel je n’avais pas pensé sur le coup: je n’ai pas de passion. Ce qui est plutôt fâcheux, quand on veut être un speaker passionnant pour un TED talk passionné.

Du coup, à partir du moment où j’ai eu la confirmation que je serai speaker, j’ai eu envie de parler précisément de cette absence de passion, parce que ça m’a pourri la vie pendant longtemps. Combien de lecteurs ici présents peuvent me dire qu’ils ont trouvé leur passion, qu’ils ont trouvé leur truc, leur voie ? Ceux qui répondent par l’affirmative, vous avez bien de la chance ! Les autres, ça va, vous le vivez bien ?

Mon objectif à travers ces quelques lignes, c’est que ceux qui n’ont pas de passion et le vivent mal retrouvent le sourire et le vivent bien.

Le fait de ne pas avoir de passion a été un vrai complexe pour moi. Il faut dire qu’on ne peut pas faire un pas sans lire ou entendre ce fameux conseil de vie: “suis ta passion”. Sur Amazon, il y a 2 000 livres qui vous parlent de passion – je suis allé voir:

Amazon Find Your Passion
Soit ces livres répètent tous la même chose, soit il y a une arnaque quelque part. Non ?

S’il y a 2 000 livres sur le sujet, c’est bien qu’il y a du vrai dans cette histoire de passion, sinon, de quoi ils parlent ? Et quand ce ne sont pas ces 2 000 bouquins, c’est Steve Jobs qui vous lave le cerveau en vous répétant que la seule chose à faire pour être heureux, c’est de suivre sa passion. Quand le type qui a créé Apple te donne un conseil, tu l’écoutes, forcément.

Pendant des années, je me suis dit que j’avais un truc de travers par rapport aux autres qui ont l’air de savoir ce qu’ils veulent, et qui ont l’air si successfull avec leurs passions (les blonds, quoi). J’avais vraiment l’impression que tous ces gens qui réussissent, c’était précisément parce qu’ils étaient guidés par leur passion, et que moi, sans passion, j’allais  donc forcément rater ma vie.

Comme je ne voulais pas rater ma vie, alors je me suis lancé à la recherche de ma passion. Comme un fou, comme un soldat. C’est devenu une obsession. Pour essayer de la trouver, j’ai expérimenté plein de trucs. Ma quête de passion m’a amené à monter une boite, et j’ai cru que j’avais trouvé mon truc. En fait, non. J’ai fait du parachutisme, de la communication financière, de la plongée, du conseil, j’ai écrit un livre… Pareil, je croyais avoir trouvé ma passion à chaque fois, mais en fait non. Puis j’ai monté une autre boite. Puis écrit un autre livre. A chaque fois, j’avais l’impression que j’avais trouvé mon truc. Et pouf, ça disparaissait comme c’était venu. Le problème, c’est qu’il n’y avait aucune logique dans tout ça et que professionnellement ça me posait problème, parce que la société aime les experts qui rentrent dans des cases. Et moi je ne rentrais dans aucune case. Un moment on me cataloguait « expert en outils marketing » suite à mon premier livre, puis « entrepreneur » parce que j’ai créé une entreprise, puis « consultant »….

Pour la société, je passais pour un inconsistant, un touche à tout, quelqu’un de volage, qui manque de focus… Ce genre de remarque fait mal alors même qu’on passe ses nuits à chercher son focus comme un forcené. Je me disais qu’ils avaient raison et que j’allais lamentablement rater ma vie. Surtout, ce genre de commentaires vous pousse à chercher encore plus votre passion, parce que vous ne voulez pas rater votre vie – et leur donner raison.

Après ces années de recherches et d’expérimentations, j’ai enfin eu une sorte de révélation: je ne trouverai pas ma passion, mais ça ne me fera pas rater ma vie pour autant. En revanche, ce que j’ai compris par la force des choses, c’est qu’on peut rater sa vie à essayer de trouver à tout prix une passion qui n’existe pas. C’est ce que j’ai fait pendant 4 ans, et je voudrais vous éviter ça en partageant les 2 ou 3 choses que je crois avoir compris.

 

  • La Feuille Blanche de la Vie

 

Une des premières choses que j’ai réalisées, parce que c’est ce qui m’est arrivé, c’est qu’on peut voir la vie comme une grande feuille blanche sur laquelle on va faire un dessin. Vous voyez les dessins pour les enfants, où il faut relier des points pour qu’une forme apparaisse ?

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Allégorie de la Feuille Blanche de la Vie – j’aime bien les allégories.

Imaginez que chaque point sur la feuille, c’est une expérience dans la vie. Un livre, une boite, un job, une activité, ce que vous voulez. Si vous n’avez pas assez de points, vous n’aurez jamais un début de forme. Avant d’avoir une forme qui se dessine, il faut des points sur cette feuille. Au bout d’un moment, au bout d’un moment seulement, vous aurez assez de points sur votre feuille pour commencer à les relier. A ce moment-là, le schéma va apparaitre tout seul. Mais avant d’avoir suffisamment de points à relier, inutile de chercher à trouver leur forme... Donc créez des points d’abord, vous verrez bien ensuite quelle forme tout ceci prendra. Et soyez inconsistants, sinon vous ne tracerez qu’une ennuyeuse ligne droite!

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Allégorie de la vie ennuyeuse que je ne vous souhaite pas, et je n’ai rien contre le Scénic.
  • Le Piège de la Passion

Ensuite, à force de me prendre la tête à chercher ma passion, il y a un truc qui est devenu clair: ce conseil de “trouver sa passion” est l’un des conseils les plus stupides qui soit. Cette hypothèse de la passion est un piège qui peut vous enfermer très facilement. Elle repose sur l’idée qu’on aurait tous une passion pré-installée dans notre logiciel, et qu’il suffirait de la trouver pour réussir sa vie.

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J’ai un peu simplifié la représentation d’une passion, mais comme ça on saisit mieux.

Premièrement, je doute fort que la plupart d’entre nous naisse comme ça avec une passion toute prête pré-installée. Donc pour la plupart d’entre nous, perdre du temps à chercher quelque chose qui n’existe pas est évidemment stupide. Alors c’est sûr que quand Steve Jobs vous dit « follow your passion », forcément, ça inspire. Mais dites-vous bien que si lui avait suivi sa passion, il aurait terminé sans doute dans un temple bouddhiste, pas à la tête d’Apple: il n’était pas du tout passionné par l’informatique quand il a lancé Apple. Il voulait simplement gagner quelques milliers de dollars sans trop forcer. Donc attention à ne pas accepter comme vrai cet a priori selon lequel tous les humains naissent avec une et une seule passion…sinon, vous passerez votre vie à courir derrière une chimère:

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Ne perdez pas de temps à poursuivre ce qui n’existe que dans la tête de Steve Jobs et de 2 000 autres auteurs de livres !

Deuxièmement, ce conseil est vicieux. Si on commence à penser qu’une passion nous attend quelque part dehors, alors automatiquement, et par opposition, le présent devient non passionnant.

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Illustration #1: le présent.

Je suis tombé dans ce piège de la passion, et je peux vous dire que j’ai commencé à détester chaque minute de ma vie non passionnante.

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Illustration #2: le présent non passionnant à cause de ce stupide piège de la passion.

J’étais absolument persuadé de n’avoir qu’à découvrir ma passion et le reste suivrait. Mais je ne trouvais rien, ça me rendait fou. Je devenais de plus en plus impatient et de plus en plus frustré. Et chaque jour de frustration supplémentaire me confortait dans l’idée d’être en train de passer à côté de ma vie.

  • Le Stock de Temps

Or, passer à côté de ma vie m’angoisse terriblement. Quand j’avais 17 ans, j’ai vu ma mère mourir. Je ne dis pas ça pour mettre un peu de pathos dans cet article, mais c’est parce que depuis, j’ai cette espèce de conscience aiguë que la vie est d’une affligeante brièveté. Vous n’avez qu’une seule vie, qu’une seule chance dans tout l’univers d’exister ! Ce serait affreusement dommage de la rater…Et cette pensée me met une pression terrible.

Parce que tout ceci ne serait pas un problème si si on était immortel, mais ce n’est pas le cas : on a tous un Stock de Temps. Le hic, c’est que ce Stock de Temps est:

  1. Limité: on n’en connait pas du tout la quantité restante.
  2. Non renouvelable: on ne pourra jamais en refaire le plein.

Personnellement, je trouve ça à peu près aussi rassurant que se lancer dans un long trajet en voiture sans savoir quelle quantité de carburant on embarque, et en sachant pertinemment qu’on ne trouvera aucune station service sur le chemin…Ce qui fait que sur cette Terre et dans nos vies, la ressource non renouvelable la plus précieuse qui soit, ce n’est pas le pétrole, l’or ou les diamants, mais bien le Temps.

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Je ne comprends pas qu’Euronext n’ait pas déjà introduit le Temps comme valeur de marché

Même pour tout l’or du monde vous ne pourrez pas racheter les quelques minutes passées à lire cet article, ou, bien pire, les années d’ennui dans un boulot qui ne vous plait pas.

Depuis toujours donc, cette idée de gaspiller mon Stock de Temps me stresse. Du coup, je me fous une pression pas possible pour ne pas rater ma vie et la réussir.

  • L’illusion de la Réussite

Sauf que je n’avais aucune idée de ce que signifie réussir. Ca veut dire quoi, réussir pour vous ? Quand on s’interroge un tant soit peu sur ce que ça signifie, on réalise qu’il y a, là encore,  un autre piège  – je le sais, je suis encore tombé dedans (c’est une habitude, je dois être une sorte d’éclaireur / de cobaye pour les autres humanoïdes).

Ce piège, c’est qu’on confond bien trop souvent la Réussite avec le Prestige.

Le Prestige est une force très puissante, définie par la société, l’éducation, la télévision…mais pas par nous. Le prestige peut nous forcer à notre insu à travailler non pas sur ce qu’on aime réellement, mais sur ce qu’on aimerait aimer. C’est très vicieux. Au premier abord, je peux croire par exemple que j’ai vraiment besoin d’un plus gros salaire et d’une plus grosse voiture pour être heureux, alors qu’en fait, je n’en ai pas du tout besoin. Mais j’ai peur de l’assumer socialement, alors je me mens inconsciemment. Le Prestige, en ce sens, je le vois comme une sorte de grosse lumière, un gros Néon. Un néon qui brille très fort, et comme tout ce qui brille, on est attiré

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Encore une allégorie, tiens !

Et pendant que vous  êtes hypnotisés par ce gros Néon artificiel du Prestige, vous ne voyez plus la vôtre, de lumière. Les Romains l’appelaient « le Genius », d’autres le « A », moi, je scotche sur « lumière ».  Et je crois que c’est elle qui compte vraiment. Votre lumière à vous, elle brille de l’intérieur, et il me semble que c’est ce que vous avez de plus beau à offrir au monde.

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A l’inverse du Prestige, votre Petite Flamme brille de l’intérieur, c’est elle qui compte le plus.

La Réussite, pour moi c’est quand cette Petite Flamme brille dans nos yeux, quoi qu’on fasse. Elle nous est propre, c’est notre petite lumière à nous. Elle est définie par nos propres critères. J’ai mis du temps à comprendre que c’est sur elle qu’il faut se concentrer, et que le Prestige n’a en fait aucune importance. D’ailleurs, si la Réussite peut parfois mener au Prestige, comme un bénéfice collatéral inattendu (je pense à Hugh McLeod devenu célèbre et riche en dessinant au dos de cartes de visites), en revanche je suis convaincu que jamais le Prestige ne conduira à la Réussite. Sinon tous les gens riches et puissants seraient extrêmement heureux…n’est-ce pas ?

Puisque la Passion n’existe pas et que le Prestige est une illusion, la question est donc : comment réussir sa vie ?

  • Un critère possible: l’ennui

Comment réussir sa vie est un vaste problème, très subjectif qui plus est… Mais j’ai peut-être un critère universel à vous proposer, qui marche pour vous comme pour moi…C’est l’ennui.

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L’ennui – esquisse à l’huile sur iPad, 2014.

Je ne parle pas de l’ennui vite fait, 2h par ci ou par là. Je parle de l’ennui structurel, la vie ennuyeuse quoi. Puisque le temps est ce vous avez de plus précieux, alors s’ennuyer dans sa vie ou dans son boulot c’est comme jeter de l’or par la fenêtre, on est d’accord ? Vous ne jetteriez pas de l’or par la fenêtre ? Alors pourquoi on voit tant de gens qui acceptent de gaspiller leur Stock de Temps dans des vies qui les ennuient ? Regardez  leurs yeux, ils sont éteints, il n’y a plus aucune flamme qui y brille. Je trouve ça tellement dommage.

Donc pour réussir sa vie, je crois qu’il faut d’abord commencer par éviter l’ennui : c’est du pur gaspillage de votre Stock de Temps si précieux, et en plus, ça éteint votre Flamme.

  • Le Flow

Or l’inverse de l’ennui, c’est ce que les anglais appellent le Flow. C’est la meilleure utilisation que vous pouvez faire de votre Stock de Temps. Vous savez, le flow, c’est cet état d’intense concentration, où quoiqu’on fasse on est complètement absorbé, on perd la notion du temps, et où votre esprit et votre âme sont complètement alignés et travaillent ensemble. C’est un sentiment merveilleux que vous connaissez bien, parce que vous l’avez déjà expérimenté à de nombreuses reprises.  Vous savez quand ? Lorsque vous étiez enfant, mes amis ! Je suis assez profondément convaincu que malgré nos airs de grandes personnes responsables, derrière nos costumes cravates, se cache quelqu’un qui a un doctorat en Flow, et qui se fout du Prestige comme de l’an 40. Quelqu’un que je connais très bien et que vous connaissez tous vous aussi…

  • Mini You

Cette personne, c’est Mini You.

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Introducing: Mini You.

Quand j’étais Mini You, avant de devenir grand et chauve et chiant, je passais tout mon temps libre à dessiner et à inventer des histoires. J’adorais ça, et j’étais complètement absorbé par les univers que je créais. Regardez n’importe quel gamin jouer: le monde autour n’existe plus autour de lui. Vous vous souvenez de la sensation géniale que ça procure ? Vous pouviez passer des heures absorbé par votre activité…comme je passais des heures à dessiner:

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J’ai retrouvé un vieux dessin qui date de l’époque où j’avais des cheveux, et déjà, on y voit un parachute. Tout est dit !

Mais ensuite, les mâchoires de la société m’ont attrapé, et pendant des années, j’ai perdu de vue mon Mini You. Après les études, la course de rats… Sans le savoir encore, j’étais coincé dans le Piège de la Passion, aveuglé par la lumière du Prestige.

Et puis un jour, j’ai écrit mon premier livre. Ca été génial, je l’ai écrit en 11 jours pendant les vacances, d’une traite. J’ai tellement adoré cette sensation de me replonger dans ce Flow qui me manquait tant que j’ai écrit un autre livre juste après.

Or, le fait d’avoir publié des livres a fait qu’on m’a invité à donner des conférences. Un jour, une école de commerce m’a demandé d’imaginer une conférence un peu décalée sur l’entrepreneuriat. J’avais carte blanche pour imaginer ce que je voulais. Imaginez, à votre avis, qui, alors, a immédiatement pris les commandes ? Mini You.

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Derrière votre air de grande personne se cache votre Mini You, vous le savez bien.

Je l’ai laissé faire. Et je me suis éclaté à préparer cette conférence, et éclaté à la donner. Je racontais des histoires, j’avais fait des dessins…. Je me sentais complètement aligné, j’avais l’impression de faire juste ce que j’aimais et savais faire, et j’avais la sensation d’avoir ma petite flamme rallumée comme jamais.

A ce moment là, quand vous êtes dans le Flow comme ça, vos yeux brillent. Vous brillez. Il n’y a plus de Prestige, il n’y a plus d’hypothétique passion, il y a juste vous et votre Mini You sur vos épaules qui porte haut et fort votre Flamme.

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Quand vous êtes aligné avec votre Mini You et qu’il porte haut votre flamme, c’est le kif.

Pour moi, c’est ça qui peut rendre heureux et qui peut fonder votre réussite. Le reste, sincèrement, on s’en fout…

  • Mini You et les Monstres

En revanche, n’oubliez pas une chose: Mini You est un gamin. Il a facilement peur. Face au Doute, à la Peur et aux Angoisses, qui pour lui sont des gros monstres, il fuit et va se cacher – avec votre Petite Flamme à la main. Et votre lumière disparait dans la caverne, on ne vous voit plus comme on vous voyait auparavant, quand vos yeux brillaient. Là, vous inspiriez, vous transmettiez votre énergie et votre fougue ; mais avec Mini You réfugié dans sa grotte, vous devenez « normal ».

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Allégorie du Doute, de la Peur et de l’Angoisse face à Mini You. Picasso n’a qu’à bien se tenir.

A chaque fois que je doute, que j’ai peur d’un truc, mon Mini You disparait et la lumière du Gros Néon du Prestige revient, et j’oublie tout ce que je viens d’écrire. C’est un combat permanent, mais ce n’est pas à Mini You de se battre. C’est à vous. C’est vous l’adulte, c’est à vous de le protéger, parce qu’il vous protègera en retour.

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Comme quoi, la Peur, c’est pas si méchant.
  • Pour finir – conclusion en 3 points

A tous ceux qui, comme moi, se posent milles questions existentielles, je voulais vous dire:

>  Arrêtez de courir après une passion qui n’existe pas en dehors de vous. La passion, cette petite flamme, vous l’avez déjà en vous, ce n’est pas un truc que vous trouverez dehors. Mais pour la voir, n’oubliez pas:

> Eteignez cette satanée lumière du Prestige, elle vous aveugle et nous aveugle tous. Ce que vous avez de plus beau à offrir au monde qui en a bien besoin, c’est votre petite flamme à vous.

> Enfin, laissez Mini You revenir aux commandes et laissez-le dessiner sur votre Feuille Blanche de la Vie.

Parce qu’à chaque fois que Mini You est dans le coin, vous avez les yeux qui brillent, et ça, le monde ne pourra l’ignorer bien longtemps.

The first step to find your passion is to not give a fuck about finding your passion

Il y a quelques jours, j’ai été invité à donner une conférence TED-like chez Thalès, devant une centaine de jeunes ingénieurs. Le truc m’intéressait énormément car le sujet que je leur ai proposé portait sur ce qui pourrait être mon 3ème livre – si un jour je me décide à l’écrire, à savoir, arrêter de subir sa vie et en devenir le maitre. Vaste sujet maintes fois traité par des gens bien meilleurs que moi, mais je n’arrive pas à me résoudre à arrêter d’y travailler. Or donc ce talk de 10min chez Thalès pouvait me fournir un excellent moyen de tester le speech que j’avais rédigé quelques jours avant dans un TGV. Bien entendu, je n’avais pas pu le répéter ne serait-ce qu’une fois, donc le jour J, j’ai été incapable de respecter le timing de 10min, d’autant plus qu’il fallait faire le speech en anglais, mais je me suis dit que j’aimerais beaucoup vous soumettre, à vous lecteurs exigeants, cet embryon de réflexion sur la question qui peut-être vous obsède autant que moi: mais enfin, quoi faire de sa vie ?

Les lignes qui suivent sont donc tirées de ce speech de 20 min et sont une première ébauche – encore incomplète – d’un éventuel troisième livre. Je prends donc le risque de me mettre tout nu ici et vous soumets ce texte. L’idée est surtout de recueillir, pour ceux qui seront assez patients pour lire jusqu’au bout, leurs impressions et surtout critiques. Le sujet m’obsède depuis belle lurette et en faire un livre me soulagerait pas mal je crois. Vous noterez par ailleurs que le titre et certaines illustrations que j’avais préparées pour la conférence sont en anglais, je les ai gardés tels quels pour cet article. Mais voici donc l’article qui commence avec un titre que j’ai réussi à placer tel quel chez Thalès:

The first step to find your passion
©NicolasBeretti

(Ou: comment trouver sa p**** de passion)

Lire la suite « The first step to find your passion is to not give a fuck about finding your passion »

Cette vidéo que vous ne devez pas regarder

Je n’ai pas pour habitude de publier des vidéos sur ce blog, mais celle-ci mérite vraiment que vous preniez 8min pour la regarder en entier. Surtout si, comme tant d’autres, vous sentez bien au fond de vous que votre propre vie vous échappe, prise dans les contraintes et les rythmes imposés par un système qui tourne en rond ; que tout n’est qu’une vaste blague un peu inutile et qu’au fond, vous n’êtes rien. Car c’est bien tout le drame et l’absurde de ce que nous sommes, avec nos Iphone 7 et nos crédits sur 45 ans: rien.

La question du pourquoi de nos vies me passionne, principalement parce que j’ai l’intime conviction que chercher à répondre à cette question c’est donner un sens à sa vie, et je trouve cette vidéo est extrêmement puissante pour vous mettre face à vous-même, face à une grande question, le tout en 8min. 

Je crois aussi que l’entrepreneuriat est une des manières les plus efficaces et brutales pour aider à affronter cette question et y apporter des réponses, parce que devenir responsable de votre propre liberté vous oblige à vous interroger intensément sur tout ça – mais je ne sais pas ce qu’en pensent les autres entrepreneurs qui liraient ce billet ?

Je retiens tout particulièrement une phrase que je voudrais partager ici tant elle est malheureusement vraie:

« Nous taillons le monde en pièces à la recherche de la joie, sans jamais regarder au fond de nous »

Que vous soyez au bureau ou chez vous, bloquez les 8 prochaines minutes, montez le son et regardez:

Petit film pédagogique sur l’humanité

Ce matin, petit post rapide pour partager avec vous ce film magique de Steve Cutts qui raconte à quel point l’homme est « intelligent ». Il dure moins de 3min mais il vaut le détour:

Ca me rappelle pourquoi je soutiens et admire à fond des gens qui se battent pour la planète, chez Entrepreneurs d’Avenir ou au LH Forum par exemple.