PowerPoint peut-il tuer ?

16 janvier 2003.

La navette Columbia est sur son pas de tir, en Floride. Le décollage est annoncé, les moteurs des boosters d’appoint crachent un déluge de feu et la navette, majestueux oiseau de l’espace, s’élève lentement.

Accident navette Columbia - PowerPoint - Stop au PowerPoint

Quatre-vingt secondes après le décollage, alors que la navette effectue un virage à près de 21 300 km/h à une altitude de 60 km, un morceau de mousse isolante se détache du réservoir externe central et vient heurter les boucliers thermiques situés sous l’aile gauche. L’énergie libérée par le choc étantdémultipliée par la vitesse de la navette, le débris de mousse est vaporisé à l’impact. Lorsque les ingénieurs au sol s’en rendent compte en visualisant les films de surveillance, les responsables de la mission lancent un processus de réflexion en interne pour déterminer les risques potentiels de cet incident quant au retour de la navette sur Terre, spécialement lors de son entrée dans l’atmosphère, phase extrêmement délicate où la température sur le bord de l’aile dépasse 1650°C, à une vitesse de 27 000 km/h.

Or, alors que la navette est toujours en orbite, c’est sur la base de présentations PowerPoint que seront menées, au sol, les analyses techniques pour tenter de déterminer le niveau de risque que subira l’équipage lors du retour sur Terre, 12 jours après le décollage. Plus précisément, afin de déterminer l’angle avec lequel le débris a heurté l’aile, son poids et son énergie cinétique au moment de l’impact, les ingénieurs préparent 3 rapports, représentant un total de 28 slides PowerPoint.

Si les niveaux hiérarchiques inférieurs des slides font bien mention des risques réels encourus par l’équipage, les niveaux supérieurs (titres des slides, bullets points) sont plus optimistes, à tel point que l’idée de faire appel aux images haute résolution de l’armée américaine pour déterminer l’ampleur des dégâts est finalement écartée.

Après 12 jours de mission en orbite autour de la Terre, la navette explose lors de sa rentrée dans l’atmosphère.

L’enquête officielle menée par la NASA démontrera par la suite l’inefficience de PowerPoint en tant qu’outil de communication, de par l’impact infra-ordinaire de sa médiation cognitive.

Comment se manifeste cette médiation ? Par quels biais cognitifs PowerPoint peut-il ainsi agir jusqu’à transformer le sens même des informations qu’il porte ?

Tout ceci est expliqué dans la première partie du livre

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