La 3ème Guerre Mondiale a commencé, choisissez votre camp: résistant, ou collabo.

Très franchement, on est assez mal parti dans cette guerre. 

Dans une guerre conventionnelle, aussi sale soit-elle, on a en face de soi un ennemi. Il peut se camoufler parmi les civils, favoriser la guérilla urbaine, l’attaque frontale massive, les attentats, tout ce que vous voulez, mais au moins on a un ennemi, avec des gens qui le représentent, le financent, le soutiennent. Bref, des cibles, sur lesquelles on peut prévoir tout un tas de solutions violentes pour les liquider – dans ce registre, l’humain ne manque pas d’imagination.

La Troisième Guerre Mondiale ?

La guerre qui nous concerne est d’un autre genre et nous oppose à un ennemi bien plus coriace: le changement climatique – causé par l’homme (celui qui, à ce stade, met en doute ce fait incontestable est invité à aller voir ailleurs si j’y suis). D’un point de vue purement logique, le véritable ennemi est donc l’homme, mais ce serait dommage de tous s’entretuer au nom de cette guerre, puisqu’il n’y aurait plus personne pour célébrer la victoire.

20180829_182320
Fig1: Dieu légèrement dépité

Le changement climatique n’est pas « demain » ou « bientôt »: il a commencé depuis 20 ou 30 ans, et ce qu’on observe ces derniers temps ne sont que les débuts d’une catastrophe annoncée, d’une extinction massive de la vie sur Terre. La question, désormais, n’est plus « Est-ce qu’on va pouvoir l’éviter ? » mais « La vie sur Terre va-t-elle être encore possible dans 50 ans ? ». C’est une perspective affreusement surréaliste qu’on croirait tirée d’un film d’action américain, mais c’est le bien réel résultat de notre aveuglement et de notre lâcheté collectifs. Nous sommes dedans. C’est là. C’est maintenant.

Tout le « système Terre » est sur le point – imminent – de basculer dans une dynamique d’emballement dont rien ni personne ne pourra revenir: cette bascule mettra fin à la vie sur Terre – il restera peut-être quelques bactéries motivées et les inoxydables services des impôts, mais c’est tout. On ne parle pas d’un avenir lointain mais de celui de nos – vos – enfants, demain. Plus d’oxygène à respirer, une planète qui commence à bouillir, puis plus d’eau, plus rien. Terminé, la Terre sera devenue une planète Vénus, toutes les formes de vie auront succombé dans d’atroces souffrances, et l’humanité se sera annihilée pour les dernières gouttes d’eau potable disponibles.

20180829_183204

Dès lors, la seule question qui importe devient celle que nos enfants pourraient nous poser, dans 30 ans, s’ils ne sont pas déjà morts sur une planète devenue stérile: « Et vous, quand vous le pouviez, vous avez fait quoi contre la fin du monde ? »

Projetez-vous face à eux, dans 30 ans. Qu’aimeriez-vous pouvoir leur répondre, sérieusement ? Que vous n’avez rien fait, que vous ne saviez pas ? Que vous saviez, mais que vous avez choisi de ne rien faire ? Que le système était trop fort ? Pensez-vous qu’ils vous pardonneront, eux qui n’auront peut-être jamais vu un poisson ou une abeille ? Oserez-vous leur dire que, par lâcheté, vous avez été Collabo et avez participé à la destruction de leur monde et de leur avenir ?

Résister ou collaborer

Revenons un peu en arrière. Dans les années 1940 en France, face aux nazis, il y avait trois choix possibles:

  • #1: Se faire discret et essayer de continuer à vivre comme avant ;
  • #2: Collaborer avec l’ennemi ;
  • #3: Prendre les armes et résister.

Cette dernière option a demandé aux résistants un courage difficile à imaginer aujourd’hui. Il leur a fallu vivre une double vie ou quitter le confort du quotidien pour le maquis, le tout avec une espérance de vie équivalente à celle d’un concours de 1, 2, 3 Soleil sur l’autoroute, de nuit, dans le brouillard. Pourtant, des milliers de gens ont eu ce courage, et nombreux sont ceux qui en ont payé le prix fort. Si le IIIème Reich a été détruit, c’est aussi grâce à eux. 

Alors on a raison de célébrer ces héros de l’ombre, mais le temps est venu de s’en inspirer et de faire comme eux. Face à une menace plus grande que toutes celles que l’humanité a jamais eu à affronter, nous avons, tous, deux options devant nous:

  • Option #1: On reste des Collabos. On ne fait rien de particulier, mais on s’indigne un peu et on partage quelques pétitions pour les abeilles sur Facebook. 
  • Option #2: On devient des Résistants. On ne sait pas bien comment on va s’y prendre, mais on décide de combattre le réchauffement climatique, par tous les moyens possibles. 

L’option #1 est aussi lâche et destructrice que le choix de collaborer avec les nazis en 1940. Elle nous a conduit à la situation actuelle et nous emmènera à coup sûr à la fin de notre monde – que nous verrons de notre vivant, j’en suis persuadé. Si vous ne faites rien, à votre échelle et avec vos moyens, pour lutter, alors vous êtes un collabo. L’ennemi est partout, il nécessite que chacun prenne les armes pour gagner ce qui pourrait être sinon notre toute dernière bataille. Ne rien faire, c’est collaborer. 

L’option #2 est la plus difficile. Comment, en effet, lutter ? Contre quoi, contre qui ? Par quoi commencer ? Comment s’attaquer à un ennemi invisible, qui est partout dans le système – qui est le système ? Comment changer maintenant de mode de vie, alors que nous profitons d’un confort incroyable ?

Nous avons mille et une options possibles. Aucune ne sera miraculeuse et ne gagnera la guerre à elle seule. Allez acheter des arbres et plantez-les, ou financez des actions de reforestation. Mangez (beaucoup) moins de viande. Compensez vos déplacements. Mettez votre matière grise à contribution pour inventer de nouveaux moyens de lutte, comme cette startup qui capture du carbone et le transforme en bijoux, ou cette autre qui veut planter des milliards d’arbres avec des drones, ou encore ce jeune gamin (18 ans!!) qui veut nettoyer tous les océans. Chacun a du se dire: « comment diable vais-je faire ? ». Mais ils ont tenté de prendre les armes, à leur manière. Nous ne sommes pas tous ingénieurs ou chimiste, mais nous avons tous un talent et de l’énergie à y consacrer. 

Personne ne vous demande d’être parfait d’un coup. Nous allons nous retrouver dans de belles contradictions (à titre personnel j’ai planté environ 9 000 arbres via Speaker4Earth mais je roule en moto, par exemple), mais l’important est de commencer la lutte. L’alignement viendra progressivement. J’ai commencé à compenser mes émissions de CO2 en avion, puis mangé moins de viande, puis acheté bio, puis créé Speaker4Earth….et j’espère bien ne pas m’arrêter là, parce qu’il va falloir en faire bien plus pour apporter ma modeste pierre à la Résistance Climatique.

N’attendez pas que quelqu’un d’autre trouve la solution ou s’occupe du problème pendant que vous vivez votre vie. VOUS êtes la solution. Nous le sommes tous, parce que nous sommes tous le problème. Aucun humain, aussi génial soit-il, ne viendra nous sauver. Il y a parmi vous des ingénieurs, des leaders d’opinion, des politiques, des financiers…Vous avez le pouvoir de créer, à votre échelle, des poches de Résistance. Faites-le ! Pitié, ne soyons pas lâches. L’enjeu est tellement énorme…

Si nous continuons à être tous des collabos, alors la fin du film est déjà écrite et nous aurons été l’espèce la plus intelligente mais la plus brève sur cette Terre. Que nous aurons entièrement détruite en passant. 

Alors, quel camp allez-vous choisir ? La Résistance, ou la Collaboration ? 

{EDIT: cet article d’octobre 2018 du NewYork Mag utilise lui aussi la métaphore guerrière. {UPDATE : cet article du monde 20/02/2020 appelle lui aussi à la résistance…}

Qu'en pensez-vous ?