Citizen Centric Politic

Dans les entreprises privées, cela fait un sacré bail que la notion de « Customer Centric » a été intégrée (plus ou moins bien). Cette notion est à l’origine de nos expériences client « sans couture », digitales, personnalisées, sympas, fluides, etc. On a tous bien intégré qu’on a le droit, en tant que client, d’être traité comme il se doit par des entreprises à qui on donne notre argent. Rien ne vous choque là-dedans, j’imagine, et je ne vous apprends rien de neuf (mais ne partez pas, la suite arrive).

Or, hier matin dans l’avion je regardais, consterné, la liste des députés qui ont voté contre l’interdiction du glyphosate dans la loi, ceci après avoir lu qu’en Allemagne, ils allaient couper des hectares de forêt pour construire…une mine de charbon (argh). Dans ces deux exemples, malheureusement non isolés, on retrouve des décisions politiques allant directement à l’encontre de nos intérêts vitaux. Qui nous nuisent, à nous et à nos proches. Ce sont de véritables coups de couteau dans le dos. Ces décisions sont celles de « collabos » dans une 3ème guerre mondiale qui a pour ennemi le réchauffement climatique. Et dans cette guerre, on a plus que jamais besoin de Résistants Climatiques, pas de collabos – surtout en politique. Ces députés déplorables et ce projet de mine de charbon ont le don de me mettre hors de moi et me donnent comme des envies de 1789 (pas vous ?).

Un peu de bon sens

Du coup, je crois qu’il faudrait remettre les pendules à l’heure pour toute cette horde d’élus et de hauts fonctionnaires (même si, dans le lot, il y en a forcément des intègres et compétents j’imagine), en leur rappelant notamment:

  • Qu’on les appelle (à tort!) des « dirigeants » alors qu’ils ont pour seul et unique devoir de nous servir (on parle bien, me semble-t-il, de « Service Public » non ?). On devrait donc plutôt les appeler nos « Serviteurs »: les mots ont à mes yeux le pouvoir de transformer la réalité. Si on faisait cela, je pense qu’on aurait comme élus des gens nettement moins intéressés par le pouvoir, et animés par l’idée authentique de servir l’autre – caractère, soit dit en passant, qui désigne je pense les gens les plus aptes à gouverner (le pouvoir procède idéalement d’un besoin, pas d’un désir).
  • Qu’en échange de leurs services, vous, moi et nos amis nous leur payons un salaire, bien souvent largement au-delà de la moyenne nationale et agrémenté d’un florilège d’avantages incroyables (hors maires et élus de petites communes), salaire et avantages qui amputent directement notre revenu à tous via les impôts que nous payons. Nous « achetons » tous les mois, pour le dire autrement, leurs services : nous sommes leurs clients. Nous avons dès lors le droit de râler quand ils nous servent mal.
Corporate
Fig 1: Homme politique du XXème siècle, non Citizen Centric

L’homme politique de demain

En filant la métaphore du service client, il m’est apparu évident qu’il serait intéressant de reprendre ce qui fonctionne dans le privé (l’Expérience Client, guidée par l’approche Customer Centric) pour l’appliquer à la politique, afin de créer une génération de femmes et d’hommes politiques qui soient…(roulement de tambours) :

« Citizen Centric »

Je rêve d’un monde dans lequel le pouvoir est donné à des gens qui n’en rêvent pas, parce qu’ils ont compris qu’ils sont là pour nous servir, pas pour se servir – aveuglés par cette illusion dorée du pouvoir. Or penser « Citizen Centric » me semble être un moyen simple et efficace de « contaminer positivement » la sphère politique avec une notion largement comprise depuis longtemps dans le privé, et qui fait ses preuves tous les jours. Je ne vois pas au nom de quoi cette classe politique pourraient alors s’y soustraire, leur mission première étant de nous servir. 

Bref, je me suis amusé dans l’avion à imaginer les premières lignes d’une sorte de Charte « Citizen Centric » que pourraient signer nos chers politiques, qui serait bien connue des citoyens, ces derniers devenant alors par ricochet nettement moins tolérants à l’égard des décisions des affaires type Glyphosate, Benalla ou Nyssen. Cette « Charte » pourrait commencer comme ça:

1. J’ai été élu/nommé pour servir les citoyens (ma famille, mes amis, les amis de mes amis) c’est-à-dire dans le seul et unique but de rendre leur vie meilleure, à tous les niveaux – santé, formation, éducation, sécurité… .

2. Je n’ai certainement pas été élu/nommé pour les diriger. Si j’aime diriger, me sentir important et donner des ordres, je vais être colonel à l’armée ou je candidate pour être Pape.

3. En échange de mon travail, les citoyens me paient un salaire, généralement bien au-dessus de la moyenne nationale, afin que j’agisse dans leur intérêt et non dans le mien.

4. Mon salaire est directement prélevé dans les poches de ma famille, de mes amis et de leurs amis à travers les impôts qu’ils paient. Je n’oublie donc jamais qu’ils me permettent de nourrir ma famille.

5. Si je ne sers pas correctement les citoyens et ne défends pas leurs intérêts, je reconnais qu’à l’instar des entreprises privées qui doivent bien servir leurs clients pour survivre, mon licenciement est logique, immédiat et sans appel.

Ce n’est évidemment qu’une bafouille écrite à la va-vite, mais selon vous, cette idée d’encourager les hommes politiques à devenir Citizen Centric vous paraît-elle utile ? Et si oui, auriez-vous des idées sur ce qu’on pourrait en faire concrètement ? Je ne connais à peu près rien à la politique, qui m’intéresse d’ailleurs assez peu, donc je n’ai aucune idée des manières de la faire évoluer… Si vous oui, alors à vos plumes !

3 réflexions sur « Citizen Centric Politic »

  1. Le mandat unique est comme la langue d’Esope ! Certes frein aux ambitions politiques mais faut-il se priver de talents lorsqu’ils existent ?
    J’ai conclu un jour que les hommes (homos) ne recherchaient qu’une chose : le pouvoir : pouvoir de l’argent, de l’autorité (élective, professionnelle…), des décorations… mais aussi par des voies plus nobles – et plus rares ! – le pouvoir de l’amour, d’être aimé de Dieu et/ou de son prochain et ça a donné les grands saints : St Vincent de Paul, St François d’Assise,..
    Toujours est-il qu’il me semble que beaucoup suivent une voie très préférentielle si ce n’est unique : ex : qui aime l’argent est bien moins intéressé par le pouvoir politique.
    D’où, en limitant les avantages pécuniers on vise peu ceux avides de pouvoir !

    Peut-être vaudrait-il mieux trouver une valorisation aux résultats. Mais comment la chiffrer, comment la tester, comment établir ce qu’est un résultat significatif ? Peut-être faudrait-il fouiller dans les nouvelles technologies de la communication : des espèces de plébiscites…

  2. Si on baissait drastiquement les rémunérations et avantages « dorés » du pouvoir, pour en faire une véritable charge, déjà ça filtrerait les ambitions. Problème immédiat que ça soulève en revanche: le risque de corruption.
    Contre-mesure: le mandat unique…?

  3. Le pb est celui de la nature humaine : sauf rarissimes exceptions on fait de la politique par goût du pouvoir (et du paraitre) et non par goût de servir. C’est probablement la raison pour laquelle il y a moins de femmes en politique (mais on veut les forcer à la parité : quel irrespect de la liberté !) : elles ont bien moins le goût du pouvoir que les hommes (et bien plus souvent celui de servir, comme si il y avait un équilibre ou un vase communiquant.
    Alors, comment sélectionner ceux de bon goût ? Du goût de servir ? Là aucune idée ! Car il est infiniment difficile de détecter et mesurer une caractéristique morale. Dernière mode : on veut sélectionner les étudiants en médecine sur leur empathie. Admirable idée et parfait vœux pieux ! Et après il y aura un bachotage d’empathie, sans doute…

    Bon, si il me venait une idée…

    Cordialement,
    Y. Gille.

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